Le titre de « Juste parmi les nations », qui lui a été assigné par Yad Vashem le 11 novembre 2003 pour avoir donné refuge à quelques femmes juives qui purent ainsi être sauvées de la persécution nazi et fasciste, est une reconnaissance importante de la constance et totale disponibilité à l’accueil que le Monastère a conservé durant la période belliqueuse envers quiconque se trouvait en difficulté, sans tenir compte des couleurs politiques ou de l’appartenance religieuse.

Née le 7 septembre 1881, Barbara Marie Vincent durant son enfance et son adolescence ne montre pas du tout cette douceur et mansuétude qui la caractériseront ensuite à l’âge adulte. Dans un bref écrit autobiographique elle se décrit comme sujette à une irascibilité souvent incontrôlée « en toute temps, lieu et quelque soit la personne » et à un entêtement qui la rendait « dure comme un roc» A propos d’elle-même elle a écrit : « quelque soit le châtiment, je le supportais, mais céder…non !…une petite observation suffisait à me mettre en colère, à faire monter le sang à la tête età  faire des actes que je n’aurai pas voulu commettre :  jeter par terre ce qui était à portée de mes mains, frapper avec mes mains et mes pieds qui s’approchait de moi… »

La docilité à la grâce et un patient travail sur soi l’ont rendue une mère douce et attentive au cheminement spirituel de ses filles, compréhensive mais jamais de connivence avec les faiblesses et les défauts.

Elle rejoint sa sœur, déjà Prieure depuis 8 ans, au Monastère de Ghiffa, où elle entre le 10 mai 1908 et se distingue immédiatement par sa docilité, sa fidélité et sa générosité.

Nommée Maîtresse des Novices en 1918, elle est élue Prieure en 1932. Durant les années difficiles du second conflit, elle offre à la communauté soutient et courage avec son attitude constamment sereine, confiante et d’abandon à Dieu et elle est pour les nombreux réfugiés un ange bénéfique qui offre à tous accueil, confort, tendresse.

Au début de 1946 lui est diagnostiqué une tumeur maligne à la base de la langue et commence une période d’intense souffrance. Les soins auxquels elle soit se soumettre à Novara l’obligent fréquemment à s’éloigner du Monastère. Elle ne perd jamais sa sérénité et son sourire répétant à ses filles : «  il faut donner au Seigneur avec générosité et dans la joie ». La maladie et les douleurs lancinantes ne l’empêchent pas de continuer son infatigable travail de formation spirituelle de la Communauté, poussée par la certitude d’être arrivée quasi au terme de son pèlerinage terrestre.