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LE MAGISTERE DE MECTILDE DE BAR

Don Divo BARSOTTI

(L’Osservatore Romano 23 Juin 1977)

 

Je ne connaissais pas les écrits spirituels de Catherine Mectilde de Bar et je ne sais pas s’ils sont très connus. La lecture fut pour moi une révélation. Indubitablement, celle qui institua le congrégation monastique des Bénédictines du Saint Sacrement est une grande maîtresse de vie spirituelle et sous beaucoup d’aspects, une des plus grandes, non seulement de la France dans son « siècle d’or » mais de toute l’Eglise.

Cognet la rapproche de la vénérable Marie de l’Incarnation : c’est trop et c’est trop:peu. En réalité les points de contact sont bien peu nombreux entre les deux et il est très difficile sinon impossible de les rapprocher.

Bossuet reconnut dans la vénérable Marie de l’Incarnation la Thérèse de Jésus de la France et n’eût pas beaucoup de sympathie pour Catherine Mectilde de Bar. Pourtant l’analyse des états mystiques, et intérieurs est presque absente en elle. Ce qui domine dans ses écrits, c’est, avec une audacieuse sûreté de ton et une merveilleuse simplicité d’expression le charisme de l’enseignement..

Cognet insiste pour relever les diverses influences qu’elle subit dans sa longue vie, dans les vicissitudes si nombreuses de son existence tourmentée. Il est difficile sans doute, de nier ces influences, mais elle n’est l’élève de personne ;.sa doctrine rejoint une simplicité, une grandeur qui est propre seulement aux maîtres.

Les influences furent totalement assimilées et sont à l’origine d’une doctrine sobre, ferme, vraiment classique.

Sa capacité de réduire tout. à l’essentiel, le rappel continu, insistant, à l’esprit de foi, , nous font penser surtout à saint Jean de la Croix.

La foi est le fondement et aussi le chemin et la perfection de la vie chrétienne.

Très souvent, elle Appelle ses nobles correspondants à reconnaître la différence qu’il y a entre une simple connaissance de la vérité et sa réalisation pratique. II y a, en effet, une tentation revenant toujours, celle d’identifier la connaissance intellectuelle à la pratique même des vertus.

A cette tentation, Mectilde de Bar, sans doute ne devait pas être insensible, tant était grande son intelligence des choses de Dieu. Cette sûre intuition de la, vérité semble être son charisme particulier. Si elle sait écrire sagement et si ses écrits nous fascinent par la claire exposition de le doctrine, par la ciselure nette de la phrase, par le langage sans bavures, sans sinuosités, c’est, indubitablement parce que son jugement est sûr et la vision des choses qu’elle veut dire est limpide.

Dans ses écrits, il y a beaucoup de chose s qui appartiennent à la spiritualité française du « grand siècle » : la mystique de l’anéantissement, la spiritualité de l’abandon, la doctrine du pur amour... Et cependant, la doctrine des lettres spirituelles de Mectilde de Bar dépasse les limites d’une spiritualité qui fut pourtant si grande. Ce n’est pas quelque chose, c’est beaucoup qui reste actuel.

Mectilde de Bar reste encore aujourd’hui, pour les chrétiens, une maîtresse exigeante dans sa fermeté, mais sage et sûre. Son magistère es-celui qu’une mère qui enseigne, conseille et guide parce qu’elle aime jusqu’à se donner elle-même, jusqu’à donner son âme pour ceux que le Seigneur lui a donné. Avec le charisme de l’intelligence, elle possède en effet le charisme de la maternité. Moins humaine que sainte Thérèse pour ceux qui s’ouvrent à elle pour en recevoir une Direction, elle exerce à leur égard une vraie maternité dans le conscience, peut-être plus claire, de son magistère. L’Esprit qui vit en elle la force à assumer la responsabilité de leurs âmes. Bien qu’elle déclare son indignité et son incapacité, elle ne peut se soustraire au devoir qu’elle sens avoir reçu de Dieu. Si ses lettres, fortes et décisives, disent l’entière sécurit de la mère, elles attestent aussi, indirectement, la vénération de ceux qu’elle dirige et le chemin spirituel qu’ils accomplissent dans la docilité à son enseignement.

La vie spirituelle consiste à vivre son propre baptême. Cela est .extrêmement significatif et importent. Ce principe de base se justifie perce que Mectilde de Bar ne parlait pas dans ses lettres seulement à ses moniales, mais aussi à de nobles dames qui vivent dans le monde, e elle ne leur propose pas un idéal de perfection moins haut et moins ex: géant que celui qu’elle propose à ses filles, dans le monastère.

Ce n’est pas la consécration religieuse, mais le baptême, qui est la vocation à la sainteté. Avec le baptême, nous sommes donnés et incorpores au Christ ; maintenant nous ne pouvons rien lui soustraire, toute propriété est exclue. Surtout, le chrétien doit se dépouiller de tout
amour de soi. Dans son « anéantissement », il vit à fond l’exigence du pur amour, dans le don total de soi au Christ.

Ainsi, la vie du chrétien est oblation, mais elle est aussi sacrifice et son état est celui de victime. ,

Cependant Mectilde de Bar n’insiste pas tant sur l’adoration comme reconnaissance de la Majesté souveraine de Dieu, qui exige la reconnaissance pratique de la créature, mais en raison de notre appartenance au Christ. Et l’appartenance au Christ nécessite la mort, du moment que l’homme est pécheur et doit s’arracher de lui-même pour appartenir au Christ parfaitement et sans réserve.

L’incorporation au Christ est l’idée centrale de la doctrine et elle impose l’ascèse la plus rigoureuse. Nous ne sommes pas libres moralement de pouvoir nous donner, parce que nous sommes déjà à Lui, et nous devons être à Lui, totalement. Toutefois, .dans notre incorporation, le Christ nous a laissé la liberté, afin que nous devenions réellement sa propriété par notre acte d’amour.

La tentation la plus grande dans la vie spirituelle, tant la lutte est longue et difficile, c’est le découragement. La Mère le sait et sans diminuer l’exigence de mort et sans abaisser l’idéal de sainteté à laquelle elle veut diriger ses correspondantes, elle les encourage et les soutient avec la certitude de l’aide divine qui ne manque jamais aux âme généreuses. Elle ne promet pas des consolations spirituelles, elle ne fait pas espérer des grâces particulières et extraordinaires. Le charisme qu’elle trace et dans lequel elle conduit, c’est le chemin d’une foi pure.

La sobriété de cette doctrine, qui a pour fondement les vérités du christianisme, la Mère, avant et plus que des maîtres de L’Ecole Française, l’apprit de le tradition monastique dont elle fut, bien que cédant à certaines formes de l’époque, un des témoins les plus grands.

C’est la fidélité à la tradition monastique qui rend le message de Mectilde de Bar particulièrement actuel pour les chrétiens d’aujourd’hui